La pereza
El alma adora nadar.
Para nadar es preciso extenderse sobre el vientre. El alma se disloca y huye. Huye nadando. (Si vuestra alma huye cuando os encontráis de pie, o sentados, o con las rodillas o los codos doblados, para cada posición corporal diferente el alma partirá con un modo de andar y una forma también diferentes; esto lo estableceré más tarde).
Se habla a menudo de volar. No es eso. Lo que hace el alma es nadar. Nada como las serpientes y las anguilas; nunca de otro modo.
Numerosas personas tienen así un alma que adora nadar. Se las denomina vulgarmente perezosas. Cuando el alma a través del vientre abandona el cuerpo para nadar, se produce una liberación tal de no sé qué; es como un abandono, como un goce, como una relajación tan íntima...
El alma va a nadar en la caja de la escalera o en la calle, según la timidez o la audacia del hombre, pues siempre guarda un hilo entre ella y él, y si este hilo se rompiese (es a menudo muy delgado aunque se precisaría una fuerza espantosa para romperlo) sería terrible para ambos (tanto para ella como para él).
Cuando se encuentra pues el alma nadando a lo lejos, gracias a este simple hilo que liga al hombre con el alma, se derraman volúmenes y volúmenes de una especie de materia espiritual, como el barro, como el mercurio o como el gas -goce sin fin.
Por eso el perezoso vuélvese cerril. No cambiará nunca. Por eso es también que la pereza es la madre de todos los vicios. ¿Hay acaso algo más egoísta que la pereza?
La pereza tiene también fundamentos que el orgullo no posee.
Pero siempre la gente se encarniza con los perezosos.
Cuando están recostados los golpean, les echan agua fría sobre la cabeza; no les queda otra cosa que apresurarse a hacer regresar su alma. Os miran entonces con esa mirada de odio tan conocida y que observamos particularmente en los niños..
Henri Michaux, Mis propiedades (1930)
El alma adora nadar.
Para nadar es preciso extenderse sobre el vientre. El alma se disloca y huye. Huye nadando. (Si vuestra alma huye cuando os encontráis de pie, o sentados, o con las rodillas o los codos doblados, para cada posición corporal diferente el alma partirá con un modo de andar y una forma también diferentes; esto lo estableceré más tarde).
Se habla a menudo de volar. No es eso. Lo que hace el alma es nadar. Nada como las serpientes y las anguilas; nunca de otro modo.
Numerosas personas tienen así un alma que adora nadar. Se las denomina vulgarmente perezosas. Cuando el alma a través del vientre abandona el cuerpo para nadar, se produce una liberación tal de no sé qué; es como un abandono, como un goce, como una relajación tan íntima...
El alma va a nadar en la caja de la escalera o en la calle, según la timidez o la audacia del hombre, pues siempre guarda un hilo entre ella y él, y si este hilo se rompiese (es a menudo muy delgado aunque se precisaría una fuerza espantosa para romperlo) sería terrible para ambos (tanto para ella como para él).
Cuando se encuentra pues el alma nadando a lo lejos, gracias a este simple hilo que liga al hombre con el alma, se derraman volúmenes y volúmenes de una especie de materia espiritual, como el barro, como el mercurio o como el gas -goce sin fin.
Por eso el perezoso vuélvese cerril. No cambiará nunca. Por eso es también que la pereza es la madre de todos los vicios. ¿Hay acaso algo más egoísta que la pereza?
La pereza tiene también fundamentos que el orgullo no posee.
Pero siempre la gente se encarniza con los perezosos.
Cuando están recostados los golpean, les echan agua fría sobre la cabeza; no les queda otra cosa que apresurarse a hacer regresar su alma. Os miran entonces con esa mirada de odio tan conocida y que observamos particularmente en los niños..
Henri Michaux, Mis propiedades (1930)
La paresse
L'âme adore nager.
Pour nager on s'étend sur le ventre. L'âme se déboîte et s'en va. Elle s'en va en nageant. (Si votre âme s'en va quand vous êtes debout, ou assis, ou les genoux ployés, ou les coudes, pour chaque position corporelle différente l'âme partira avec une démarche et une forme différentes c'est ce que j'établirai plus tard.)
On parle souvent de voler. Ce n'est pas ça. C'est nager qu'elle fait. Et elle nage comme les serpents et les anguilles, jamais autrement.
Quantité de personnes ont ainsi une âme qui adore nager. On les appelle vulgairement des paresseux. Quand l'âme quitte le corps par le ventre pour nager, il se produit une telle libération de je ne sais quoi, c'est un abandon, une jouissance, un relâchement si intime.
L'âme s'en va nager dans la cage de l'escalier ou dans la rue suivant la timidité ou l'audace de l'homme, car toujours elle garde un fil d'elle à lui, et si ce fil se rompait (il est parfois très ténu, mais c'est une force effroyable qu'il faudrait pour rompre le fil), ce serait terrible pour eux (pour elle et pour lui).
Quand donc elle se trouve occupée à nager au loin, par ce simple fil qui lie l'homme à l'âme s'écoulent des volumes et des volumes d'une sorte de matière spirituelle, comme de la boue, comme du mercure, ou comme un gaz - jouissance sans fin.
C'est pourquoi le paresseux est indécrottable. Il ne changera jamais. C'est pourquoi aussi la paresse est la mère de tous les vices. Car qu'est-ce qui est plus égoïste que la paresse ?
Elle a des fondements que l'orgueil n'a pas.
Mais les gens s'acharnent sur les paresseux.
Tandis qu'ils sont couchés, on les frappe, on leur jette de l'eau fraîche sur la tête, ils doivent vivement ramener leur âme. Ils vous regardent alors avec ce regard de haine, que l'on connaît bien, et qui se voit surtout chez les enfants.
Henri Michaux, Mes propriétés (1930)
L'âme adore nager.
Pour nager on s'étend sur le ventre. L'âme se déboîte et s'en va. Elle s'en va en nageant. (Si votre âme s'en va quand vous êtes debout, ou assis, ou les genoux ployés, ou les coudes, pour chaque position corporelle différente l'âme partira avec une démarche et une forme différentes c'est ce que j'établirai plus tard.)
On parle souvent de voler. Ce n'est pas ça. C'est nager qu'elle fait. Et elle nage comme les serpents et les anguilles, jamais autrement.
Quantité de personnes ont ainsi une âme qui adore nager. On les appelle vulgairement des paresseux. Quand l'âme quitte le corps par le ventre pour nager, il se produit une telle libération de je ne sais quoi, c'est un abandon, une jouissance, un relâchement si intime.
L'âme s'en va nager dans la cage de l'escalier ou dans la rue suivant la timidité ou l'audace de l'homme, car toujours elle garde un fil d'elle à lui, et si ce fil se rompait (il est parfois très ténu, mais c'est une force effroyable qu'il faudrait pour rompre le fil), ce serait terrible pour eux (pour elle et pour lui).
Quand donc elle se trouve occupée à nager au loin, par ce simple fil qui lie l'homme à l'âme s'écoulent des volumes et des volumes d'une sorte de matière spirituelle, comme de la boue, comme du mercure, ou comme un gaz - jouissance sans fin.
C'est pourquoi le paresseux est indécrottable. Il ne changera jamais. C'est pourquoi aussi la paresse est la mère de tous les vices. Car qu'est-ce qui est plus égoïste que la paresse ?
Elle a des fondements que l'orgueil n'a pas.
Mais les gens s'acharnent sur les paresseux.
Tandis qu'ils sont couchés, on les frappe, on leur jette de l'eau fraîche sur la tête, ils doivent vivement ramener leur âme. Ils vous regardent alors avec ce regard de haine, que l'on connaît bien, et qui se voit surtout chez les enfants.
Henri Michaux, Mes propriétés (1930)
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